Comment les Sœurs de Notre-Dame ont vécu la Bataille des Ardennes dont on commémore le 75ème anniversaire?
Installées depuis 1836 dans la ville, les Sœurs ont vécu avec beaucoup d’intensité les événements tragiques de l’hiver 44-45.
Hiver 44-45
Bastogne est libérée le 10 septembre 1944 ; les Américains demandèrent aux Sœurs de pouvoir occuper l’école. Comme les classes n’avaient pas repris en septembre, les Sœurs acceptèrent de prêter locaux, cours et parc aux militaires qui faisaient de la cartographie.

A la suite des insistances des parents, la Supérieure, Sœur Emmanuel Didier, rouvrit en novembre les classes supérieures techniques et ménagères ainsi que les écoles normales.
Mais de façon inattendue, les Allemands relancèrent les combats ; c’est l’offensive des Ardennes qui débuta le 16 décembre 1944.
Dimanche 17 décembre, quelques parents vinrent rechercher leur fille car les routes de l’ouest étaient encore libres. Deux Sœurs partirent aussi avec quelques élèves à Marche.
Dès le lendemain, il n’y avait plus moyen de sortir de la ville ; les premiers obus tombèrent sur Bastogne. L’Ecole devait assurer la sécurité d’une centaine d’élèves. Celles-ci furent emmenées au sous-sol dans l’abri du corridor rouge (à cause des pavés de couleur rouge) où les Sœurs s’étaient aussi réfugiées. En plus des élèves, 600 à 700 civils de Bastogne et des environs furent reçus dans l’abri du couloir gris (à cause des murs gris). A côté d’un oratoire improvisé, se trouvait un troisième abri pour la communauté dit « cave de la chaufferie » où sont restées groupées plus de 50 Sœurs durant toute l’offensive.
Les conditions de vie dans les caves furent très dures : les corridors étaient bondés, l’hiver était rude (parfois moins de -17°) et le manque d’hygiène fut pénible (pas d’eau, pas d’électricité, soins sanitaires problématiques).
Bastogne était un lieu stratégique pour les Américains. Les renforts, dont le groupement blindé « B » de la 10ème Division Blindée et la 101ème Division Aéroportée de McAuliffe, arrivèrent très rapidement dans la ville.
Mercredi 20 décembre : jour tragique ! Les Sœurs prenaient le repas de midi au rez-de-chaussée quand tout à coup un obus explosa dans la rue. Les Sœurs se précipitèrent à la cave. Sœur Emmanuel alla prier à l’oratoire improvisé au sous-sol ; elle se trouvait devant le tabernacle quand soudain, un fracas épouvantable se fit entendre. Un obus était tombé sur le trottoir devant le soupirail de la cave à charbon. Des éclats furent projetés dans tous les sens.

L’un d’eux parcourut la cave, transperça la planche derrière le tabernacle, traversa le ciboire, ressortit à l’avant et frappa mortellement Sœur Emmanuel au cœur. Une autre Sœur, Sr Céline fut aussi gravement touchée à la jambe.

sont conservés au Centre d’Héritage des Sœurs de Notre-Dame à Namur.

Le vendredi 22 décembre, les Allemands lancèrent un ultimatum au général McAuliffe commandant les troupes américaines. Mais celui-ci refusa de se plier en criant : « Nuts ! ». Les bombardements furent terribles dans la nuit de Noël puis encore dans la nuit du 29 au 30 décembre. L’abri des Sœurs fut terriblement menacé par les flammes des maisons environnantes.

Une partie des élèves est enfin évacuée vers Neufchâteau les 30 et 31 décembre. Mardi 2 janvier, des chauffeurs de camions américains embarquèrent professeurs et élèves pour sortir de la ville martyre en direction d’Arlon.
Quelques Sœurs restèrent à Bastogne avec les réfugiés qui n’avaient plus d’abri, et attendirent le retour des autres Sœurs, après le mois de juillet.
Beaucoup d’habitants de Bastogne témoignèrent ensuite leur reconnaissance envers les Sœurs de Notre-Dame.